Interview Bilan de compétences : Frédéric, 33 ans

Véritable touche-à-tout depuis le début de sa carrière, Frédéric, 33 ans, a souhaité faire un Bilan de Compétences, il y a quelques mois, pour solliciter un regard extérieur. Témoignage.

Pouvez-vous présenter votre parcours en quelques mots ?

« J’ai commencé par un Bac S, option Sciences de l'Ingénieur, avant de m’orienter vers un DUT Informatique, en alternance, qui m’a notamment permis d’entrer dans l’entreprise où je suis actuellement, en tant qu’apprenti, à 18 ans.

A l'issue des deux années d’alternance, je me suis dirigé vers une licence, que j’ai décrochée en 2007, tout en poursuivant dans la même entreprise. J’y ai donc débuté et poursuivi ma carrière : l’entreprise m’a fait grandir en même temps qu’elle a grandi elle-même.

Parallèlement à cela, je suis responsable informatique dans une association d’action sociale depuis mes 19 ans.

Dernière activité : depuis 2013, je suis commissaire de course pendant le Grand Prix, à titre bénévole, où je m’occupe aussi de la Cellulle IT. »

 

Quel est votre parcours au sein de votre entreprise ? Comment avez-vous évolué ?

« Recruté comme apprenti, au service informatique, j’ai très vite exercé le métier de développeur, puis, d’analyste-développeur. C’est du moins ce qui est écrit sur ma fiche de paie, puisque dans la réalité, ce n’est pas vraiment ce que je fais : mon quotidien ressemblant davantage à celui d’un chef de projet.

Parallèlement, je suis responsable d’une ONG que l’on a créée au sein de l’entreprise, il y a quelques années. Elle permet d’envoyer dans le même pays, chaque année, une cinquantaine de salariés dans le cadre d’une mission humanitaire. »

 

Comment en êtes-vous arrivé à « vous investir pour une ONG » ?

« Je participe activement aux actions du comité d’entreprise, et je me suis demandé s’il était possible de « voyager différemment », en proposant aux salariés de mettre à profit leurs compétences lors de missions humanitaires dédiées.

Il se trouve qu’une personne de notre équipe était déjà engagée dans des projets éducatifs au sein d’un pays d’Afrique de l'Ouest, depuis une quinzaine d’années. Nous nous sommes donc orientés vers ce même pays.

Au moment de me lancer, je n’avais absolument aucune expérience, je n’y connaissais rien. Nous y sommes allés avec les moyens du bord et la bonne volonté de chacun.

Nous avons commencé par envoyer une délégation exploratoire de 3 ou 4 personnes, pour bien mesurer les attentes et les besoins sur place, puis je me suis occupé de la partie logistique.

Lors de la première mission, 21 salariés sont partis sur leur congés et en finançant leur voyage. Tout n’était pas parfait lors de cette mission, mais 2000 enfants ont pu être pris en charge.

De retour de mission, une convention de partenariat a été signée avec le gouvernement du pays. Résultat : 130 salariés, représentant sept métiers, ont participé à sept missions organisées dans 4 pays. Ces missions sont aujourd’hui devenues de véritables actions de coopération, puisque des professionnels locaux rejoignent nos salariés sur place, pour échanger leur savoir-faire et apporter leur connaissance du terrain. »

 

Vous semblez faire 1000 choses en même temps, intéressantes et très variées… Qu’est-ce qui vous a amené à faire un Bilan de Compétences ?

« Le Bilan de Compétences est quelque chose qui était, pour moi, devenu nécessaire. J’ai un peu le défaut de mes qualités, puisque lorsque je m’engage dans quelque chose, j’y vais à fond, et je le vis pleinement.

Le constat était le suivant : je suis dans l’entreprise depuis le début de ma carrière. J’occupe un poste qui, dans les faits, ne correspond pas à la réalité de mes journées. Est-ce que tout cela est vraiment logique ou est-ce qu’il n’y a pas un problème quelque part ?

A un moment donné, je me suis dit : "Bon, à ton âge, ce serait bien de prendre un peu de hauteur, de demander un regard extérieur, pour voir si certaines choses peuvent être faites différemment, et peut-être apporter un peu de cohérence dans tes différents projets."

L’idée était de voir quel levier je pouvais utiliser pour essayer de mettre un peu d’ordre dans tout ça. »

 

Dans quel état d’esprit étiez-vous au moment d’aborder votre Bilan de Compétences ?

« Je suis arrivé sans aucun a priori. Dans l’absolu, j’étais ouvert à toute proposition. Je n’excluais absolument pas de changer de voie ou de me reconvertir.

Les seuls éléments sur lesquels je n’étais pas prêt à transiger étaient ma ville – dans laquelle j’ai grandi – ainsi que mon salaire – qui devait être cohérent par rapport à ce que je perçois actuellement. »

 

Comment s’est déroulé votre Bilan de Compétences ?

« Il est très compliqué pour moi de me révéler et de parler de moi. C’est à ce moment-là, que ma conseillère, Christelle, a joué un rôle prépondérant. Elle avait un côté très bienveillant, qui m’a très rapidement mis à l’aise pour raconter mon parcours. Le feeling est passé immédiatement.

Dans un deuxième temps, j’ai passé un certain nombre de tests pour dresser un état des lieux de mes compétences, de mes appétences et de mes savoir-faire. Avant d’aborder un panel de métiers pour voir ce qui me faisait le plus envie. L’idée était de partir d’un champ de recherche assez large, qu’on allait préciser au fur et à mesure. »

 

Avez-vous trouvé le temps pour vous investir dans votre Bilan de Compétences, parallèlement à tout ce que vous faites déjà ?

« Oui, pour une raison simple : c’était important pour moi de prendre le temps, parce que j’y croyais. Pour le coup, je crois que ma conseillère pourra confirmer qu’à chaque séance, les devoirs étaient faits. (rire) »

 

Quel a été le résultat de votre Bilan de Compétences ?

« Rapidement, les tests psychométriques ont révélé que je ne m’étais pas trompé et qu’il y avait une certaine logique dans mon raisonnement.

A la fin, le profil qui est ressorti est celui de « chef de projet », ce qui est totalement cohérent avec mon parcours et ma situation.

Ce Bilan de Compétences a également démontré que j’avais développé d’autres compétences, notamment dans la logistique, grâce à la diversité de mes engagements. »

 

Quel bilan dressez-vous de votre… Bilan ?

« Cet accompagnement m’a, à la fois, confirmé dans ce que je faisais déjà. Et en même temps, cela m’a apporté la confiance dont j’avais besoin pour aller voir ma hiérarchie et demander une réorganisation des postes et des fonctions.

C’était une vraie révolution dans une entreprise où je travaille depuis de nombreuses années et que je connais par cœur.

Je n’aurais jamais trouvé les clés pour changer les choses tout seul. Tout s’est vraiment déverrouillé à la suite de mon Bilan de Compétences. Cela m’a permis de faire bouger les lignes.

Ce Bilan de Compétences m’a également permis de prendre conscience de mes compétences, et de me rendre compte qu’après tant d’années dans la même entreprise, je pouvais toujours « aller voir ailleurs ».

J’ai pu me confronter à la réalité du recrutement professionnel, en postulant à des offres, et en prenant conscience de ma « valeur » sur le marché de l’emploi. Alors que je n’avais passé qu’un entretien d’embauche dans ma vie jusque-là.

Je suis infiniment reconnaissant envers ma conseillère, qui m’a permis d’être sûr de ce que je savais faire et où je voulais aller. »

 

Quel est votre situation professionnelle aujourd’hui ?

« A la fin de l’année dernière, j’ai pris une nouvelle fonction, et je suis désormais chargé de toute la partie « production », au quotidien.

Il y a donc eu une officialisation d’un rôle que j’occupais officieusement depuis quelques années déjà.

Parallèlement, j’ai également pris du recul par rapport à l’ensemble de mes activités. Je suis arrivé là où je voulais emmener l’ONG, au bout de ce que je pouvais lui apporter. J’en suis arrivé à un point où je ne voulais pas être un frein.

J’ai pris la décision - difficile - de continuer à m’investir, mais d’une manière différente. Je serai très heureux de le faire, notamment en amont des missions, sur la partie logistique.

Mais, ce qui me fait vibrer avant tout, chaque jour, depuis toujours, c’est l’informatique. …Ce qui n’enlève absolument rien à cette très belle parenthèse humanitaire ... »